Qui ne connaît pas Arthur, Lancelot, Guenièvre et Perceval ? Ne serait-ce que grâce au succès de Kaamelott, les principaux traits de la légende arthurienne sont connus de tous : le roi Arthur, la Table ronde, la quête du Graal sont des motifs familiers. Pourtant, la légende arthurienne est bien plus complexe que cela, et ne cesse d'évoluer, de se recomposer et d'ouvrir de nouveaux horizons, depuis le Moyen Âge. Je ne compte pas faire ici un résumé des différentes versions du mythe arthurien (ce qui serait un peu fastidieux) mais plutôt me pencher sur l'aspect historique de la légende : sur quoi se base-t-elle, dans quelle époque naît-elle, qu'en ont fait les hommes du Moyen Âge ? Que nous dit la légende arthurienne sur le Moyen Âge, sur l'imaginaire et sur le monde des hommes médiévaux ? Je délaisse donc l'aspect purement littéraire du cycle arthurien : si un résumé des aventures de la Table ronde vous intéresse, le portail Wikipédia de la légende arthurienne recense actuellement 223 articles sur les personnages et les œuvres liées au sujet.
A noter que je ne suis pas spécialiste d'Arthur et de ses petits camarades : si vous remarquez une erreur, n'hésitez pas à me la signaler.
A noter que je ne suis pas spécialiste d'Arthur et de ses petits camarades : si vous remarquez une erreur, n'hésitez pas à me la signaler.
Une assise historique ? Aux sources de la légende arthurienne
La légende arthurienne, quoique mise par écrit à partir du XIIè siècle, se déroule dans la Bretagne désertée par les Romains à la toute fin de l'Antiquité. Au début du Vè siècle, l'armée romaine quitte définitivement l'île de Bretagne (que nous appelons aujourd'hui Grande-Bretagne) pour d'autres fronts : l'empire romain est en train de se déliter, la partie orientale et la partie occidentale se lancent dans une guerre fratricide et clairement, la priorité des empereurs n'est pas de garder ce bout de caillou peu romanisé à l'extrémité nord-ouest de l'empire. Exit les Romains, donc. Les chefs celtes en profitent pour se battre entre eux et, selon Bède le Vénérable (un historien anglo-saxon du VIIIè siècle), certains font appel aux Saxons, une population du nord de la Germanie. Les Saxons, ainsi que d'autres peuples, les Jutes et les Angles, débarquent donc en Bretagne, puis se retournent contre ceux qui les ont appelés et prennent le pouvoir. Mais cela ne se fait pas en un jour : la prise de pouvoir par ceux qu'on appelle désormais les Anglo-saxons dure plusieurs décennies.
Voilà pour quelques rapides éléments de contexte. Arthur serait, selon certains chercheurs, un chef de guerre qui aurait participé à des luttes contre les Saxons. Mais aucune preuve tangible de son existence ne peut être donnée : aucune source contemporaine ne mentionne un quelconque Arthur (ce qui n'est pas une preuve en soi puisque les sources pour la période sont très peu nombreuses). Si Arthur a existé, il n'était donc pas un roi, mais un chef de guerre, dont la popularité aurait nourri des légendes locales pendant plusieurs siècles. Pour ce qui est des autres héros du cycle arthurien, en revanche, aucun doute : ce sont des personnages imaginaires.
Il convient de noter que les romans arthuriens ont pour la plupart été écrits aux XIIè et XIIIè siècles : les auteurs ne se préoccupent nullement de "vérité" historique, si tant est que cette notion ait un sens au Moyen Âge. Les textes arthuriens ne nous disent donc absolument rien sur le Vè siècle, mais nous parlent du monde du Moyen Âge central. A titre d'exemple, la chevalerie : les personnages principaux de la légende arthurienne (Lancelot, Gauvain...) sont chevaliers et vivent dans une société typiquement féodale, qui naît quelque part vers l'an mil ; rien de semblable n'existe au Vè siècle. Rien d'"historique" donc, dans la légende arthurienne telle qu'elle est conçue au Moyen Âge.
Toutefois, l'une des premières œuvres à alimenter la légende arthurienne, en 1138, est l'Historia regum Britanniae (L'Histoire des Rois de Bretagne), de Geoffroy de Monmouth : un texte qui se présente comme "historique", tout en introduisant des personnages comme Merlin l'enchanteur ou Uther Pendragon, le père d'Arthur dans la légende. L'ouvrage a un immense succès : on en connaît plus de 200 manuscrits. L'auteur affirme s'appuyer sur des sources anciennes : or, pour les hommes du Moyen Âge, plus une source est ancienne, plus elle est sérieuse. Geoffroy de Monmouth est critiqué par quelques historiens du Moyen Âge, notamment Guillaume de Newburgh (à la fin du XIIè siècle) mais, jusqu'au XVè siècle, l'historicité d'Arthur n'est pas remise en cause : on pense qu'il a réellement existé, même si l'on sait que les histoires qui s'élaborent autour de lui sont des légendes.
Il faut donc distinguer, lorsque l'on parle de la légende arthurienne, ce que nous savons, et ce que les hommes et les femmes du Moyen Âge pensaient : pour eux, Arthur est un roi de Bretagne qui a lutté contre les Saxons quelque part entre le Vè et le VIè siècle.
Matière de Bretagne, christianisme et amour courtois : l'imaginaire médiéval
La légende arthurienne est une plongée fascinante dans l'imaginaire des hommes du Moyen Âge et illustre à mon avis la complexité du monde médiéval. Les aventures d'Arthur et de ses chevaliers font se côtoyer deux pôles qu'on pourrait penser opposés : l'imaginaire celtique et l'imaginaire chrétien.
Au XIIè siècle, il existe trois "matières" littéraires, c'est-à-dire trois branches et thèmes littéraires : la matière de France, qui regroupe tous les textes écrits autour de la figure de Charlemagne (la Chanson de Roland, les chansons de gestes autour de Guillaume d'Orange...), la matière de Rome, qui concerne les réécritures de mythes antiques (Le Roman d'Alexandre, Le Roman de Troie...), et la matière de Bretagne, qui réutilise des légendes orales d'origine celtique, dans lesquelles on peut voir un vieux fond populaire et probablement païen. C'est à ce dernier groupe qu'appartient la légende arthurienne. On trouve ainsi des figures celtiques dans les romans de la Table ronde : l'enchanteur Merlin ou les fées Viviane et Morgane. Les aspects merveilleux de la légende sont aussi inspirés de légendes orales mises par écrit : c'est probablement le cas de la force de Gauvain, qui croît et décroît avec le soleil (Gauvain est au meilleur de sa force à midi, quand le soleil est au plus haut).
Toutefois, ce fond légendaire celtique est christianisé : par exemple, les chevaliers partent à la recherche du Graal, un objet mystérieux qui, s'il est encore profane chez Chrétien de Troyes (ce n'est qu'un plat), devient chez les auteurs suivants une relique chrétienne de la plus haute importance. Les valeurs convoyées par les romans sont chrétiennes : pour trouver le Graal, il faut être pur de tout péché. C'est pour cela que Lancelot échoue, malgré son statut de chevalier exemplaire : son amour pour la reine Guenièvre est "impur". C'est le fils de Lancelot, Galaad, qui trouve le Graal, et se trouve alors assimilé à une figure christique. L'insistance sur la pureté et la virginité est typiquement chrétienne. Au XIIIè siècle, avec le cycle du Lancelot-Graal, la légende arthurienne se teinte de mystique chrétienne : les chevaliers deviennent presque des prêcheurs et partent à la recherche du Graal qui est désormais considéré comme une coupe ayant reçu le sang du Christ.
A ce délicat mélange de culture profane et de culture chrétienne s'ajoute des idéaux propres au XIIè siècle, en premier lieu l'amour courtois : Lancelot et Guenièvre, Tristan et Iseult, sont des amoureux courtois, qui véhiculent l'image d'un amour absolu dans lequel le chevalier est soumis à sa maîtresse. En ce sens, quand Lancelot, dans le roman de Chrétien de Troyes, part à la recherche de la reine Guenièvre enlevée par Méléagant, il est un amoureux courtois, qui accepte d'endurer des épreuves et de faire des sacrifices (le plus important étant le voyage en charrette, indigne d'un noble chevalier, qui fait de lui un homme déshonoré) pour l'amour de sa reine.
La légende arthurienne est donc plurivoque et traduit les tensions et dialogues qui existent entre différentes traditions, différents idéaux et différentes visions du monde.
Les usages politiques du mythe : un bref aperçu
Comme beaucoup de légendes qui trouvent leur source dans un passé mythifié (il suffit de songer au mythe de Troie), la légende arthurienne est instrumentalisée dans divers buts de propagande, notamment par les rois anglais.
A partir de Richard Coeur de Lion, roi de 1189 à 1199, la dynastie des Plantagenêt se revendique descendante d'Arthur, et cherche à capter la gloire de cet ancêtre mythique. Le frère de Richard, le roi Jean sans Terre, aurait fait forgé pour son couronnement une épée semblable à celle de Tristan. Au XIIIè siècle, on fait d'Arthur un roi de Grande-Bretagne (et non plus un roi parmi ceux de Grande-Bretagne) : il s'agit pour les Plantagenêt, originaires du continent et non de l'île de Grande-Bretagne, de justifier leur pouvoir sur l'Angleterre grâce à un ancêtre mythique. On insiste en outre sur le côté rassembleur d'Arthur.
La légende arthurienne permet aussi aux Plantagenêt de légitimer leurs vues sur la France. Depuis le mariage d'Henri Ier Plantagenêt et d'Aliénor d'Aquitaine, en 1152, le roi d'Angleterre est vassal du roi de France pour ses possessions dans l'ouest du pays. Or, selon une version de la légende arthurienne, Arthur aurait conquis la Gaule : se revendiquer d'Arthur permet aux rois anglais d'émettre des revendications d'indépendance en France.
Un dernier aspect concerne les relations tumultueuses entre l'Angleterre et l'Irlande. Selon la légende, le roi Arthur doit revenir d'entre les morts pour sauver les Bretons - dans ce contexte, les Bretons sont assimilés aux peuples irlandais. L'abbaye de Glastonbury, qui dit s'élever au même endroit que la mystérieuse île d'Avalon, s'effondre en 1184, suite à un incendie ; en reconstruisant le site, des moines prétendent avoir découvert, en 1191, la tombe du roi Arthur et de Guenièvre ; cette "découverte" participe à la propagande de Richard Coeur de Lion. En effet, si Arthur est mort et enterré (et non simplement endormi dans l'île d'Avalon), il ne peut venir sauver les Irlandais, qui doivent renoncer à leurs velléités d'indépendance face au roi d'Angleterre.
Les aventures d'Arthur et de sa cour fournissent donc aux rois anglais un fond de propagande non négligeable et leur permettent d'asseoir leur pouvoir.
Ces rapides remarques n'ont pas prétention à explorer tous les aspects historiques de la légende arthurienne, loin s'en faut. Il s'agit simplement de montrer que les aventures de la Table ronde ne se réduisent pas juste à de belles histoires, mais qu'elles sont aussi porteuses d'informations sur la société médiévale, sur sa conception de l'histoire et sur son usage politique du littéraire. En ce sens, les textes du cycle arthurien ont pleinement leur place dans la liste des sources de l'historien : ils dépeignent une société et permettent une plongée assez directe dans la pensée médiévale.
Voilà pour quelques rapides éléments de contexte. Arthur serait, selon certains chercheurs, un chef de guerre qui aurait participé à des luttes contre les Saxons. Mais aucune preuve tangible de son existence ne peut être donnée : aucune source contemporaine ne mentionne un quelconque Arthur (ce qui n'est pas une preuve en soi puisque les sources pour la période sont très peu nombreuses). Si Arthur a existé, il n'était donc pas un roi, mais un chef de guerre, dont la popularité aurait nourri des légendes locales pendant plusieurs siècles. Pour ce qui est des autres héros du cycle arthurien, en revanche, aucun doute : ce sont des personnages imaginaires.
Il convient de noter que les romans arthuriens ont pour la plupart été écrits aux XIIè et XIIIè siècles : les auteurs ne se préoccupent nullement de "vérité" historique, si tant est que cette notion ait un sens au Moyen Âge. Les textes arthuriens ne nous disent donc absolument rien sur le Vè siècle, mais nous parlent du monde du Moyen Âge central. A titre d'exemple, la chevalerie : les personnages principaux de la légende arthurienne (Lancelot, Gauvain...) sont chevaliers et vivent dans une société typiquement féodale, qui naît quelque part vers l'an mil ; rien de semblable n'existe au Vè siècle. Rien d'"historique" donc, dans la légende arthurienne telle qu'elle est conçue au Moyen Âge.
Le couronnement d'Arthur dans un manuscrit copié vers 1480. (source)
Il faut donc distinguer, lorsque l'on parle de la légende arthurienne, ce que nous savons, et ce que les hommes et les femmes du Moyen Âge pensaient : pour eux, Arthur est un roi de Bretagne qui a lutté contre les Saxons quelque part entre le Vè et le VIè siècle.
Matière de Bretagne, christianisme et amour courtois : l'imaginaire médiéval
La légende arthurienne est une plongée fascinante dans l'imaginaire des hommes du Moyen Âge et illustre à mon avis la complexité du monde médiéval. Les aventures d'Arthur et de ses chevaliers font se côtoyer deux pôles qu'on pourrait penser opposés : l'imaginaire celtique et l'imaginaire chrétien.
Au XIIè siècle, il existe trois "matières" littéraires, c'est-à-dire trois branches et thèmes littéraires : la matière de France, qui regroupe tous les textes écrits autour de la figure de Charlemagne (la Chanson de Roland, les chansons de gestes autour de Guillaume d'Orange...), la matière de Rome, qui concerne les réécritures de mythes antiques (Le Roman d'Alexandre, Le Roman de Troie...), et la matière de Bretagne, qui réutilise des légendes orales d'origine celtique, dans lesquelles on peut voir un vieux fond populaire et probablement païen. C'est à ce dernier groupe qu'appartient la légende arthurienne. On trouve ainsi des figures celtiques dans les romans de la Table ronde : l'enchanteur Merlin ou les fées Viviane et Morgane. Les aspects merveilleux de la légende sont aussi inspirés de légendes orales mises par écrit : c'est probablement le cas de la force de Gauvain, qui croît et décroît avec le soleil (Gauvain est au meilleur de sa force à midi, quand le soleil est au plus haut).
A ce délicat mélange de culture profane et de culture chrétienne s'ajoute des idéaux propres au XIIè siècle, en premier lieu l'amour courtois : Lancelot et Guenièvre, Tristan et Iseult, sont des amoureux courtois, qui véhiculent l'image d'un amour absolu dans lequel le chevalier est soumis à sa maîtresse. En ce sens, quand Lancelot, dans le roman de Chrétien de Troyes, part à la recherche de la reine Guenièvre enlevée par Méléagant, il est un amoureux courtois, qui accepte d'endurer des épreuves et de faire des sacrifices (le plus important étant le voyage en charrette, indigne d'un noble chevalier, qui fait de lui un homme déshonoré) pour l'amour de sa reine.
Lancelot et Guenièvre sur la tombe d'Arthur, un tableau de Dante Gabriel Rossetti, en 1855. La légende arthurienne est redécouverte au XIXè siècle et inspire un grand nombre d'artistes. (source)
La légende arthurienne est donc plurivoque et traduit les tensions et dialogues qui existent entre différentes traditions, différents idéaux et différentes visions du monde.
Les usages politiques du mythe : un bref aperçu
Comme beaucoup de légendes qui trouvent leur source dans un passé mythifié (il suffit de songer au mythe de Troie), la légende arthurienne est instrumentalisée dans divers buts de propagande, notamment par les rois anglais.
A partir de Richard Coeur de Lion, roi de 1189 à 1199, la dynastie des Plantagenêt se revendique descendante d'Arthur, et cherche à capter la gloire de cet ancêtre mythique. Le frère de Richard, le roi Jean sans Terre, aurait fait forgé pour son couronnement une épée semblable à celle de Tristan. Au XIIIè siècle, on fait d'Arthur un roi de Grande-Bretagne (et non plus un roi parmi ceux de Grande-Bretagne) : il s'agit pour les Plantagenêt, originaires du continent et non de l'île de Grande-Bretagne, de justifier leur pouvoir sur l'Angleterre grâce à un ancêtre mythique. On insiste en outre sur le côté rassembleur d'Arthur.
La légende arthurienne permet aussi aux Plantagenêt de légitimer leurs vues sur la France. Depuis le mariage d'Henri Ier Plantagenêt et d'Aliénor d'Aquitaine, en 1152, le roi d'Angleterre est vassal du roi de France pour ses possessions dans l'ouest du pays. Or, selon une version de la légende arthurienne, Arthur aurait conquis la Gaule : se revendiquer d'Arthur permet aux rois anglais d'émettre des revendications d'indépendance en France.
Un dernier aspect concerne les relations tumultueuses entre l'Angleterre et l'Irlande. Selon la légende, le roi Arthur doit revenir d'entre les morts pour sauver les Bretons - dans ce contexte, les Bretons sont assimilés aux peuples irlandais. L'abbaye de Glastonbury, qui dit s'élever au même endroit que la mystérieuse île d'Avalon, s'effondre en 1184, suite à un incendie ; en reconstruisant le site, des moines prétendent avoir découvert, en 1191, la tombe du roi Arthur et de Guenièvre ; cette "découverte" participe à la propagande de Richard Coeur de Lion. En effet, si Arthur est mort et enterré (et non simplement endormi dans l'île d'Avalon), il ne peut venir sauver les Irlandais, qui doivent renoncer à leurs velléités d'indépendance face au roi d'Angleterre.
Les aventures d'Arthur et de sa cour fournissent donc aux rois anglais un fond de propagande non négligeable et leur permettent d'asseoir leur pouvoir.
Ces rapides remarques n'ont pas prétention à explorer tous les aspects historiques de la légende arthurienne, loin s'en faut. Il s'agit simplement de montrer que les aventures de la Table ronde ne se réduisent pas juste à de belles histoires, mais qu'elles sont aussi porteuses d'informations sur la société médiévale, sur sa conception de l'histoire et sur son usage politique du littéraire. En ce sens, les textes du cycle arthurien ont pleinement leur place dans la liste des sources de l'historien : ils dépeignent une société et permettent une plongée assez directe dans la pensée médiévale.
Un manuscrit de Perceval ou le conte du Graal de Chrétien de Troyes. Le roman de Chrétien de Troyes est en vers mais, par la suite, la plupart des textes arthuriens seront en prose. (source)
Bibliographie
Les textes médiévaux de la légende arthurienne sont pour la plupart
édités en version de poche, qu'il s'agisse des romans de Chrétien de
Troyes ou du Lancelot-Graal (en cours d'édition dans la collection Lettres Gothiques). Pour ceux qui n'auraient pas envie de se lancer dans les textes médiévaux, plusieurs auteurs contemporains se sont emparés de la légende arthurienne :
- Boris Vian a écrit un opéra sur les amours de Lancelot et de Guenièvre, Le Chevalier de Neige, dans les années 50. Le texte existe en livre de poche. Boris Vian x la légende arthurienne, c'est du pur bonheur.
- Barjavel, grand auteur de science fiction, prend le point de vue de Merlin dans L'Enchanteur. C'est un texte merveilleux, drôle, triste et poétique, une de mes versions préférées de la légende arthurienne, je vous le conseille vivement.
- Marion Zimmer Bradley, Les Dames du Lac (2 volumes) : la légende arthurienne vue par les femmes, en particulier Viviane et Morgane. L'autrice insiste sur les conflits entre une ancienne religion "celtique" et le christianisme. Un roman très prenant.
- Florence Delay et Jacques Roubaud ont écrit une série de pièces de théâtre, chacune centrée autour d'un personnage de la légende arthurienne. L'ensemble s'intitule le Graal Théâtre et est édité par Gallimard, et une partie a été mise en scène par le Théâtre National Populaire et le Théâtre National de Strasbourg.
Pour ce qui est de l'aspect plus historique, il existe un Que sais-je ? sur la littérature arthurienne, écrit par Thierry Delcourt. En 2010, les Cahiers de Science & Vie ont consacré leur numéro d'été à la légende arthurienne, dans lequel j'ai trouvé quelques-unes des informations de cet article. Alban Gautier a aussi écrit un Arthur, que je n'ai pas lu mais qui doit être fort intéressant : il est présenté, ainsi que deux autres livres récents sur la légende arthurienne, dans cet article de Michelle Szkilnik, qui montre l'ambiguïté de la figure arthurienne, revendiquée à la fois par les spécialistes de la littérature et par les historiens ; je me suis appuyée sur cet article pour la dernière partie de mes remarques.
Enfin, pour de jolies images médiévales, jetez un œil au site mis en ligne par la BnF à l'occasion de l'exposition sur le roi Arthur fin 2009.
Bonjour. Je viens de lire votre article qui est très intéressant. Vous entourez bien tout le sujet, ce qui permet de bien le situer. Cependant, j'ai une petite interrogation : Vous attribuez une valeur profane au Graal chez Chrétien de Troyes, qui n'était alors qu'un plat (oui), avant d'être une relique chrétienne (j'ai un doute). Par exemple, dans Perceval et le conte du Graal, il est bien là question de vertu et de pureté chrétienne pour accéder au Graal. Il est aussi question d'une lance où coule le sang (celui du Christ).
RépondreSupprimerPouvez-vous m'éclairer là dessus ? merci