11 février 2015

L'histoire mérovingienne selon Lorant Deutsch

   J'ai souvent critiqué la clique Ferrand / Deutsch et compagnie pour leur vision de l'histoire, que ce soit sur mon compte Twitter ou en privé. Mais il faut avouer que je n'avais jamais vraiment lu leurs livres ou entendu leurs émissions. J'ai décidé de remédier à cela en feuilletant Métronome de Lorant Deutsch. Autant vous dire que je n'ai pas été déçue du voyage.
   Suite à ce très bon article, repris par les Inrocks, qui recense les âneries de Deutsch pour la période antique, je me suis dit que je pourrais relever les erreurs les plus flagrantes pour le haut Moyen Âge, qui est la période dans laquelle je compte me spécialiser et sur laquelle je me flatte d'avoir quelques connaissances.
   Je ne prétends nullement à l'exhaustivité et à une quelconque légitimité, d'autant la critique de Deutsch a déjà été faite par des historiens professionnels dans Les historiens de garde, qui interroge la résurgence du roman national. Le site Goliards a également dénoncé l'une des plus grosses "bourdes" du Métronome concernant l'art gothique. Bref, il ne s'agit ici que de relever les erreurs qui m'ont frappée et d'essayer de les corriger (et de procrastiner mon mémoire en me donnant bonne conscience, mais c'est un autre sujet).

   Je ne traiterai pas de la vision que donne Deutsch des invasions barbares, je compte y consacrer un article entier sur ce blog dans les jours à venir.


Tout ce que je peux en dire, c'est que Deutsch a raté les soixante dernières années d'historiographie de la période : le mythe des "invasions barbares" a été critiqué dès les années 1950, il suffit d'aller faire un tour sur Wikipedia pour s'en rendre compte. Même chose en ce qui concerne l'idée de "décadence" de l'empire romain : le terme traduit un jugement moral qui n'est pas de mise en histoire, et qui simplifie à l'extrême les processus complexes qui ont mené à la chute de l'empire romain d'Occident.


   En évoquant les "invasions barbares", Deutsch se penche en particulier sur les Francs : deux erreurs majeures à relever ici. Tout d'abord, avec une naïveté confondante, Deutsch prétend que les Romains, venus du sud, occupent le sud de Paris, et que les Francs, venus du nord, occupent le nord de la ville.


   Mais après un rapide tour dans un manuel premier cycle, en l'occurrence La France avant la France, 481-888 de Geneviève Bührer-Thierry et Charles Mériaux (p. 182), il s'avère que si les Romains ont bien occupé la rive sud de la Seine (avec un petit noyau sur la rive nord), les Francs se sont surtout cantonnés à l'île de la Cité.
   L'autre erreur est à mes yeux bien plus grave : Deutsch prétend, que Mérovée est roi des Francs et fondateur de la dynastie mérovingienne.


   Le manque de recul critique est flagrant : la référence à Mérovée se trouve dans l'Histoire des Francs rédigée par Grégoire de Tours plus d'un siècle après les faits, et est sujette à caution. On admet généralement que Mérovée était un personnage semi-légendaire. D'autre part, au début du Ve siècle, les Francs ne formaient pas un peuple unifié : ils étaient divisés en de nombreux clans rivaux, dirigés chacun par un chef ; c'est en éliminant ces chefs que Clovis s'est imposé comme seul roi des Francs. Deutsch avance donc ce qu'il pense être logique dans le premier cas, sans vérifier ses dires ; dans le second cas, il démontre qu'il n'a pas vraiment compris que le métier d'historien, même en amateur, consistait avant tout en la critique des sources et de leur objectivité.

   Passons sur la vision apocalyptique de l'avancée d'Attila et sur le jugement que porte Deutsch sur lui ("la naïveté balourde de ce monarque barbare") et sur la défense héroïque de Paris par la future sainte Geneviève : Deutsch fait la part belle à la légende et manque affreusement de recul quant à ses sources.



   Entrons dans le vif du sujet : le début du Moyen Âge, que l'on fait traditionnellement commencer à la chute de l'empire romain d'Occident, en 476 (chute d'ailleurs très peu ressentie par les habitants de l'empire, et qui passe presque inaperçue). Deutsch affirme que Syagrius veut perpétuer la loi de l'empire romain :


   Syagrius est romain, donc il défend les intérêts des Romains. Sauf que c'est faux : ce sont les Wisigoths qui cherchent à prendre la suite de l'empire et qui revendiquent son héritage. Mais rappelons que les Wisigoths sont des "barbares" indignes, aux yeux de Deutsch, de prétendre à la romanité, alors même qu'ils sont parfaitement intégrés aux rouages de l'empire. De même, Childéric Ier, roi franc, est gouverneur (romain) de la province de Belgique Seconde : les Romains le reconnaissent comme une autorité légitime, et non comme un barbare qui essaie de s'emparer de leurs terres.

   Le passage sur saint Geneviève ravitaillant héroïquement Paris est enjolivé : on patauge dans une sorte de roman national fait d'images d’Épinal juxtaposées les unes aux autres, c'est digne d'un pseudo-historien du début du XIXe siècle.

   L'histoire de Childéric prend fin sur ces mots :


   J'admire Deutsch qui semble si bien connaître les croyances de Childéric et des Francs alors que les historiens n'ont jamais réussi à déterminer le contenu de ces croyances. Rappelons que les croyances germaniques et nordiques (dont fait partie le Walhalla) nous sont surtout connues par des textes du XIIIe siècle et qu'il est fort probable que tout cela ait évolué en huit siècles. Mais qu'est-ce que huit siècles à l'échelle de l'histoire ?
   Petite précision sur l'historiographie du paganisme : d'autres textes évoquent les cultes païens avant le XIIIe siècle (Tacite, Adam de Brême) mais ils nous renseignent assez peu sur les croyances des Germains. Un des textes les plus connus des historiens sur la question est le Beowulf, un poème oral du monde païen mis par écrit par des chrétiens entre le VIIIe et le Xe siècle ; il conserve clairement des marques de la culture païenne, mais rien d'aussi précis. (Beowulf est édité en format de poche dans l'excellente collection Lettres Gothiques, je ne peux que vous inciter à vous le procurer).
   Edit : on m'a fait remarquer, à la suite de la publication de cet article, qu'il y avait un second problème avec l'idée de Walhalla. Il s'agit d'un paradis guerrier et, en tant que tel, seuls les hommes morts au combat peuvent y prétendre. Ce n'est pas le cas de Childéric. Il y a donc une double erreur à parler de Walhalla ici.

   Clovis entre en scène juste après. Il est présenté comme roi des Francs, alors qu'on sait qu'il n'est au début de son règne qu'un roitelet parmi d'autres. Deutsch insiste sur l'opposition entre le païen Clovis et la chrétienne Geneviève. Dommage pour lui, cette opposition n'est pas flagrante et les évêques catholiques soutiennent déjà Clovis avant son baptême.


   Le baptême, justement, parlons-en.


   Deutsch suit à la lettre le récit de Grégoire de Tours, qui place le baptême du roi après une bataille contre les Alamans en 496. Problème : il n'y a aucune attestation d'une quelconque bataille en 496, et les historiens pensent que le baptême a eu lieu plus tard, peut-être un peu après 500 (la date exacte engendre des querelles homériques). Deutsch oublie que Grégoire de Tours suit une chronologie symbolique, qui place le baptême au milieu du règne de Clovis et en fait une césure majeure de l'histoire des Francs et de leur conversion ; Grégoire est évêque, il est catholique, et sa conception de l'histoire répond à ce catholicisme, mais Deutsch ne juge pas nécessaire de prendre en compte ce détail.

   Deutsch suppose ensuite une continuité entre l'empereur Julien (pour lequel il éprouve une fascination que j'ai du mal à m'expliquer) et Clovis. Pure élucubration. La présentation qu'il fait de la cour et de l'administration franque est quant à elle anachronique, et correspond à ce qu'on sait des Francs un siècle ou deux plus tard.


   Autre erreur : Clovis peut mourir en paix parce qu'il a conquis toute la Gaule sauf la Provence.


   Eh bien non, au contraire : Clovis vise la Provence, qui est la province la plus romanisée de Gaule et qui revêt de ce fait une importance symbolique majeure, d'autant qu'elle permet une ouverture sur la Méditerranée. Les grandes victoires de Clovis ne sont pas aussi grandes que notre "historien" le suppose, car justement Clovis n'a pas réussi à mettre la main sur la Provence.

   Deutsch affirme par ailleurs que le tombeau du premier roi chrétien doit renforcer le prestige de la capitale : c'est faux. Si Clovis est enterré à Paris, c'est parce qu'on y trouve le tombeau de Geneviève : il s'agit de la pratique de l'inhumation ad sanctos (inhumation auprès des saints), courante dans le monde franc. Se faire enterrer auprès de quelqu'un considéré comme saint rehausse le prestige du mort, non du lieu.




   Entrons dans le VIe siècle, avec cette expression qui m'a fait bondir : "Les Mérovingiens, fils aînés de l'Eglise." L'expression "fils / fille aîné-e" date au mieux de la fin du Moyen Âge et est totalement anachronique, d'autant que l'Eglise catholique est loin d'être unifiée et puissante au VIe siècle.



   Je passe sur tout ce que Deutsch dit du Moyen Âge en général, je ne connais que très peu la période postérieure au Xe siècle, je laisse donc à d'autres le soin d'en faire la critique.

   Lors du partage du royaume entre les fils de Clovis, Deutsch évoque la Bretagne qui échoie à Childebert.

   Ce qui est gênant, c'est que la Bretagne n'est pas soumise au pouvoir franc. La description du partage est d'ailleurs assez peu précise (et fausse dans l'ensemble).

   Deutsch présente ensuite, selon un poncif éculé, les rois francs comme des hommes sanguinaires. Il évoque aussi la guerre contre les Burgondes faite, selon lui, pour "trucider quelques petits monarques des environs dans l’intention bien arrêtée d’agrandir les royaumes reçus en héritage."


   En réalité, on trouve là une politique plus subtile : il s'agit, selon Grégoire de Tours, de venger le père de Clotilde (la mère de trois des quatre rois francs du moment), un ancien roi burgonde tué par son frère. Ce n'est peut-être qu'un prétexte, mais il a au moins le mérite de montrer que les rois francs ne dézinguent pas uniquement pour dézinguer, contrairement à ce que pense notre grand historien. Passons sur la description du meurtre des fils de Clodomir, emprunt d'un jugement moral encore une fois tout à fait malvenu. De même, un peu plus loin, Childebert est présenté comme un "roi barbare et plutôt cruel", ce qui est non seulement réducteur mais en plus inutile ; une telle remarque ferait perdre plusieurs points à une dissertation d'étudiant en première année de licence, mais passons. Bien pire, plus loin, on trouve ceci : "la mentalité tordue et la férocité effrénée des Mérovingiens." J'évite de commenter, je pourrais devenir vulgaire.



   La guerre empêchée par les prières de Clotilde, bon, pas besoin d'être grand clerc pour voir là une légende.

   Je n'arrive pas à comprendre pourquoi Deutsch utilise le terme "athée" pour décrire les Mérovingiens : c'est faux, et l'idée même d'athéisme est impensable à l'époque.

   Les Mérovingiens n'étaient pas athées, ils étaient païens, ce qui signifie qu'ils vénéraient des dieux différents du Dieu des chrétiens. De plus, les historiens débattent pour savoir si la conversion des Mérovingiens était totalement intéressée : comme je l'ai dit, Clovis avait le soutien des évêques de Gaule avant sa conversion, on peut donc se demander pourquoi il s'est converti, d'autant qu'il risquait de se mettre à dos l'aristocratie franque, encore païenne. S'est-il converti pour renforcer le soutien des évêques ? Par conviction personnelle ? Pour des raisons qui nous échappent ? En tout cas, le problème est subtil et la vision de Deutsch simpliste.

   Autre déformation grossière à la page suivante, sur les liens entre les Francs et l'Eglise : Rome ne s'est pas placé dans la main des Francs puisqu'elle est dans la main des Byzantins au moins jusqu'au VIIe siècle. J'en veux pour preuve que l'empereur byzantin doit approuver l'élection du pape. Quant à une quelconque ferveur religieuse, c'est de l'invention pure et simple.


   L'alliance entre l'Eglise et les Francs a bien existé, mais elle est plus tardive : le pape fait appel aux Pippinides, les ancêtres des Carolingiens, au début du VIIIe siècle, pour se protéger des Lombards. Pépin, le père de Charlemagne, combat les Lombards et octroie une partie de leurs terres à la papauté : c'est la naissance des Etats pontificaux. En échange, le pape reconnaît et légitime l'usurpation de Pépin, qui chasse le dernier roi mérovingien du trône.

   Même chose pour l'appel au pape lors du sacre de Germain, et pour l'idée selon laquelle le roi mérovingien "se considère comme le bras séculier de l’Église", une expression (et une réalité) qui fleure bon l'absolutisme qui, rappelons-le, naît vers la fin du XVIe siècle, tout comme la "cassette royale" évoquée un peu plus loin.



   Autre réalité anachronique : Deutsch parle des "Etats" francs. Il existe des querelles autour de la notion d'Etat, qu'on hésite le plus souvent à apposer à l'empire carolingien. La question, en revanche, ne se pose même pas pour les royaumes mérovingiens : on ne peut guère les qualifier d'Etats. Deutsch affirme d'ailleurs, en même temps, que Clotaire règne sur une bonne partie de l'Europe : c'est avoir une étrange vision de l'Europe que de croire que la France actuelle et un morceau d'Allemagne forment "une bonne part de l'Europe"... Dans ce même passage, le ton emphatique pour désigner le choix de Paris comme capitale est tout à fait téléologique et donc malvenu : Deutsch interprète l'histoire à l'aune de ce qu'il sait de la suite de cette histoire, ce qui est une erreur de débutant contre laquelle hurlent tous les professeurs d'histoire.



   Relatant le meurtre de Sigebert Ier en 575 et celui de Chilpéric, Deutsch affirme que Gontran devient seul roi des Francs en 584. Il oublie seulement l'existence de Childebert II, roi d'Austrasie, et de Clotaire II, roi (à peine né, mais roi quand même) de Neustrie. Bagatelle. Deutsch évoque d'ailleurs Childebert II et Clotaire II à la page suivante. Personne n'a-t-il donc relu ce livre avant publication ? Quant au jugement sur le caractère de Gontran et sur les goûts de l'époque, on se croirait dans un livre d'histoire vieux de 100 ans, c'est merveilleux.



   Je suis déçue que Deutsch n'évoque même pas la reine Brunehaut et les longues guerres de la fin du VIe siècle. Vulgariser l'histoire, c'est bien, la simplifier à l'extrême l'est moins. 
   Deutsch parle d'un "pouvoir royal solide et centralisé" pour parler du règne de Clotaire II : là encore, il s'agit d'un anachronisme flagrant, le pouvoir mérovingien est tout sauf centralisé. Le pouvoir centralisé naît plus tard au Moyen Âge, quand on assiste à la construction d'un véritable Etat. 


   Entrons dans le chapitre consacré au VIIe siècle. Il y a plusieurs passages sur des périodes postérieures au Xe siècle, je ne commente donc pas (j'ai du mal à comprendre pourquoi un chapitre sur le VIIe siècle s'ouvre sur dix pages de pas-VIIe-siècle, d'ailleurs) ; même chose pour les considérations archéologiques, je ne connais pas assez le domaine pour me prononcer.
   Je ne sais pas d'où Deutsch tire l'idée d'un orgueil des Parisiens concernant Clotaire II, qui habite avec eux. Et si Clotaire II envoie Dagobert en Austrasie, ce n'est pas, contrairement à ce que pense Deutsch, parce que les habitants sont jaloux : non, c'est parce que les aristocrates austrasiens entendent qu'on reconnaisse leur particularité et leur indépendance.


   Même imprécision un tout petit peu plus loin : les aristocrates mérovingiens envoient certes leurs enfants à la cour de Dagobert pour y être éduqués (on dit à l'époque "nourris", nutriti en latin) et il se dessine certes un réseau de relations dans tous les royaumes francs, mais Deutsch embellit un peu trop la réalité et oublie de préciser que ces jeunes sont aussi un moyen de pression pour le roi, des sortes d'otages qui garantissent l'obéissance de leur famille. La cour de Dagobert n'est pas le monde merveilleux des Bisounours, désolée.


   Encore un anachronisme avec Eloi : Deutsch évoque la canonisation de saint Eloi, mort vers 660. Dommage que la procédure de canonisation n'apparaisse qu'à la toute fin du Xe siècle.


   Pour l'Antiquité tardive et le haut Moyen Âge, on parle de béatification : ce qui fait le saint, ce n'est pas la sanction du pape, mais la réputation de sainteté du saint en question. Un culte se développe autour d'une tombe, on attribue des miracles au saint, on écrit parfois sa Vie et on enjolive son histoire... C'est cela qui fait le saint : c'est un processus assez informel, qui ne passe pas par la papauté.

   Je ne résiste pas à faire un peu de mauvais esprit : Deutsch nous dit que la Révolution se moque bien de la vérité historique. J'ai en tête un adage sur l'hôpital et la charité...

   On nous parle d' "ambition nationale" concernant les Mérovingiens et les populations des royaumes francs. Totalement anachronique, faux et bassement nationaliste. Il n'y a pas d'idée d'ambition nationale tout simplement parce que l'idée de nation dans son acception moderne naît grosso modo au XIXe siècle.



   Deutsch présente ensuite Dagobert tiré dans des chars à bœufs.


   Deutsch reprend donc le témoignage d'Eginhard, biographe de Charlemagne, sans le critiquer. Mais rappelons qu'Eginhard cherche à légitimer l'usurpation des Carolingiens, qui ont évincé les Mérovingiens du trône : on appelle cela de la propagande. Monsieur Deutsch aurait été une cible parfaite de la propagande carolingienne, à ce que je vois. On peut également préciser que le char à bœuf n'est pas considéré comme un moyen de transport infamant à l'époque, et que c'est justement Eginhard qui le tourne en ridicule.
   Même chose pour l'expression "roi fainéant" : c'est une image issue de la propagande carolingienne, qui n'est plus utilisée en histoire depuis cinquante ou soixante ans, au bas mot.



   Je ne désire pas poursuivre plus loin cette critique pour l'instant : le chapitre suivant, sur le VIIIe siècle, est l'occasion d'évoquer la fin des Mérovingiens et le début de la dynastie carolingienne. Je consacrerai peut-être un autre article de ce blog aux chapitres carolingiens.
   Ma conclusion sera brève : je n'aimais pas le travail de Deutsch avant de le lire, je le déteste avec ardeur maintenant. Outre les approximations et les erreurs dignes d'un débutant (et je n'ai relevé ici que les plus flagrantes), Deutsch semble n'avoir jamais ouvert un livre d'histoire de sa vie : il n'a aucune idée de la manière dont l'historien, amateur ou non, se doit de critiquer les sources et de garder une certaine distance avec ce qu'il dit. Je sais bien que c'est cette distance que Deutsch critique chez les historiens universitaires : mais, s'il veut interpréter les sentiments et les pensées des personnages de l'histoire, qu'il écrive des romans, et non des torchons dont la prétention historique ne saurait cacher sa malhonnêteté intellectuelle.

14 commentaires:

  1. un article absolument nécessaire! on a beau ne pas être dupe de l'image que se donne lorant deutsch sur les plateaux télé... quand on entre dans le détail comme tu le fais ici, c'est juste effarant. Et révoltant. Et tellement méprisant pour les personnes qui vont acheter son bouquin! J'ajoute que ça pose vraiment question sur la responsabilité des médias dans la fabrication des icônes littéraires, philosophiques, enfin, ce qui est considéré comme de la bonne vulgarisation de sujets complexes. Merci d'avoir souffert pour notre bien :)

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  2. A propos de la conquête de la Gaule par Clovis : il n'a pas non plus conquis la Burgondie, si je ne dis pas de bêtise. Ce sont ses fils qui s'en sont chargés, comme Deutsch semble d'ailleurs l'indiquer ensuite, ce qui est incohérent. Du coup, Lyon, "capitale des Gaules", lui échappe, entre autres. N'est-ce pas ?

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    1. Ah oui, très juste, je n'avais pas relevé ! Ce sont effectivement les fils de Clovis et de Clotilde (qui est burgonde) qui se chargeront de conquérir la Burgondie après la mort de leur père. Merci pour la remarque !

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    2. C'est d'ailleurs assez marrant de parler des rois burgondes comme de "petits monarques". Au début du VIe siècle, les Burgondes sont une puissance avec laquelle il faut compter. Ce n'est pas pour rien si Clovis épouse une princesse burgonde, il a besoin de leur soutien pour vaincre les Wisigoths. Et les Francs mettront ensuite plus d'une décennie à conquérir le royaume burgonde. Deutsch a trop été marqué par son rôle dans Kaamelott.

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  3. Ça pinaille, ça pinaille, et finalement ça se limite pas mal à du détail...

    C'est marrant cette obsession fanatique de se payer Lorant Deutsch, de se payer du bon temps et de se faire mousser pour pas cher. Ça y est, parce qu'on fait un master on prend un ton professoral et on diffuse le savoir ? Ou peut-être on se fâche devant quelqu'un qui arrive à vendre des imprimés aux manants qui n'entendent rien au vrai génie de l'histoire ?

    D'abord il serait de bon ton de bien savoir ce qu'est le livre de Lorant Deutsch avant de le massacrer : non c'est clairement pas un bouquin qui s'adresse à des étudiants. C'est une sorte de roman historique, de mise en scène de l'histoire appliquée à une identité contemporaine qui s'adresse au commun des mortels. L'entreprise peut paraître chauvine, désuète, nazie... bref, tranchons d'emblée : il ne marche pas sur vos plates-bandes, qu'est-ce que vous venez lui cracher dessus (alors que cela a déjà été fait maintes fois, dit en passant) sur des approximations sémantiques ou une prise de position ?

    Ce que fait Lorant Deutsch, c'est adopter un parti, clairement identifiable par les lecteurs qui, eux, ne cherchent pas un ouvrage de "nuanceur professionnel" qui répugne à prendre une position quelconque et défend à toute personne de le faire (le baptême de Clovis, sérieux qui s'en fout parmi ceux qui achèteront le bouquin ? ça n'intéresse que les historiens professionnels de savoir s'il a eu lieu en 496, 497, 498...).
    Quant aux interprétations, oui, dans l'histoire il y a quelques trous, je ne vous apprends sûrement rien. Et Deutsch entend les combler avec sa propre vision du monde. Sa légitimité est faible pour interpréter les pensées des hommes du Moyen Âge, mais quelle est la vôtre au juste ? Moi j'admire votre capacité à nier (pardon, "nuancer") l'existence d'ethnies au Moyen Âge pour des hommes que vous ne connaissez a priori pas (après tout les Romains, les Francs, les Burgondes, les Huns, les Chinois... quelle différence ? pourquoi toujours mettre les gens dans des cases ?)

    Et au-delà de pointer les erreurs factuelles du livre, qui existent, vous vous permettez quand même pas mal de commentaires qui suintent la suffisance et la supériorité. Il s'agirait notamment de ne pas "traquer" les fautes comme vous le faites et de tenir compte de l'emploi d'un ton décalé, voire au second degré (sur les cathédrales "gothiques" par exemple, dès l'école primaire on apprend d'où vient l'expression alors vous vous doutez bien que Deutsch est au courant).

    Bref, il serait temps de se remettre les idées à l'endroit, de remettre les pieds sur terre et d'appréhender ce livre tel qu'il se veut, de le critiquer donc en conséquence. C'est facile de s'en prendre à un auteur qui ne répond pas, qui a consacré trois phrases sur des éléments parfois extrêmement complexes et de nuancer à l'infini un fait historique. D'autant que les positions qu'il défend peuvent, passé l'examen critique, tenir la route (comme sur la bataille de Poitiers, où il avait relativement bien répondu à propos de la tournure dramatique qu'il lui avait attribuée). Alors rangez (nuancez) votre détestation mal placée qui n'apporte rien nulle part. Les lecteurs de Lorant Deutsch ne sont pas des thésards, ils seront ravis d'apprendre une histoire de France colorée et vivante, les détails techniques et autres prénoms barbares leur échapperont de toute façon et rien n'empêchera certains d'entre eux d'aller approfondir leur nouvelle passion ailleurs. Il n'y a là rien de mal.

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    1. Je prends le temps de vous répondre, même si je doute que cela vous intéresse.
      Vous dites que LD ne marche pas sur mes plates-bandes : pensez-vous qu'une personne qui apparaît régulièrement sur les plateaux TV en prétendant faire de l'histoire et en attaquant au passage les universitaires cloîtrés dans leur tour d'ivoire (c'est parfois vrai, certes) ne fasse pas d'ombre aux historiens ? Pensez-vous que sa médiatisation est sans conséquence ? Pensez-vous réellement que ses thèses ne sont pas largement partagées ? Pas par les étudiants, certes, mais par le grand public. Sous prétexte de lui apprendre quelque chose, LD véhicule une vision dépassée (ses thèses et son style ressemblent à ceux d'un historien du XIXe siècle) et n'apporte rien de nouveau à son public : Wikipedia est plus fiable que lui !
      D'autre part, au risque de vous décevoir, l'histoire est science de la nuance : pourquoi, sinon, des historiens reviendraient-ils inlassablement sur les mêmes sujets pour y apporter des précisions, de nouvelles interprétations ? Vous prenez l'exemple du baptême de Clovis : la date est importante car, si comme le prétend LD à la suite de Grégoire de Tours, elle a eu lieu en 496, après une victoire sur un autre peuple, il est possible de lui donner une toute autre interprétation (interprétation nationaliste par ex) que si l'on admet que Clovis s'est converti beaucoup plus tard, peut-être même après le roi des Burgondes, ce qui vient casser la vision des Francs comme 1er peuple barbare catholique et brise du même coup une bonne partie du roman national. Pour vous cela ne ferait pas grande différence ? D'autre part, je ne crois pas que donner des approximations au grand-public sous prétexte "qu'il s'en fout" soit une preuve d'honnêteté intellectuelle : peut-être effectivement que le grand public s'en fout (je n'en suis pas sûre), mais ce n'est pas une raison pour lui donner des indications fausses, ce qui serait faire preuve d'un grand mépris envers lui. Il est évident qu'il faut simplifier ses propos en fonction de son public, mais de là à les déformer, non.

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    2. (suite de ma réponse, Blogspot n'acceptant pas les commentaires trop long)

      Pour ce qui est de ma légitimité à interpréter les pensées des hommes du Moyen Âge : je ne cite pas forcément toujours mes sources pour ne pas alourdir le propos, mais je m'appuie sur des études variées pour affirmer ce que je dis. L'existence d'ethnies, si cela vous intéresse, a été longuement étudiée depuis les années 60 par des historiens de langue allemande, au premier rang desquels on trouve R. Wenskus. Je ne fais que reprendre la quintessence de ses travaux, et je tiens à vous signaler que je ne tranche pas, je fais simplement état des thèses historiographiques. À la différence de Deutsch qui, lui, prétend apporter une Vérité à son public, je n'ai pas cette prétention (et je doute qu'aucun historien l'ait).
      Le ton de LD n'est, hélas, pas décalé ou second degré : pour ce qui est des cathédrales gothiques, il a reconnu lui-même, il me semble, avoir fait une erreur, qui a été corrigée dans la seconde édition de son livre. Ce n'est pas de l'humour, c'est une erreur, et une erreur assez révélatrice de ses "méthodes" de travail.
      En conséquence, si, il y a là quelque chose de mal, dans les nombreuses erreurs parfois volontaires que fait Deutsch et dans le mépris dont il fait preuve, à mon sens, envers ses lecteurs. Entendons-nous bien : je ne reproche pas à LD de faire de la vulgarisation, au contraire ; je lui reproche de faire de la mauvaise vulgarisation et des raccourcis tendancieux, qui nuisent à la fois au grand-public et aux historiens. Je vous signale par ailleurs que le cas Deutsch and co. a été fort bien dénoncé par des historiens compétents et bien plus légitimes que moi dans "Les historiens de garde : De Lorànt Deutsch à Patrick Buisson, la résurgence du roman national" paru en 2013.
      Maintenant, si vous souhaitez continuer à lire Deutsch, grand bien vous fasse. Mais je vous prierais de ne pas venir me faire la leçon ici.

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    3. Lorant Deutsch n'apporte aucune vérité et n'en a pas non plus la prétention, encore une fois. Il ne découvre rien et se rallie sur certains points à des thèses historiques qui existent, ou ont existé. Son but c'est de faire de l'histoire accessible à tous et pas rébarbative. Et l'histoire accessible à tous, ça n'est pas l'histoire qui chipote à partir d'un pauvre patronyme découvert sur un obscur registre paroissial et qu'on croit en état de révolutionner toute l'historiographie. Les livres d'histoire scientifique ne se lisent pas au-delà du temple, c'est dramatique mais c'est comme ça. Il faut accepter que la précision et la rigueur sont parfois inaccessibles à certains. Et ça marche pour tout : on n'a pas tous vocation à devenir professeurs de mathématiques.

      Lorant Deutsch c'est de la mauvaise vulgarisation ? Peut-être. Il n'est pas historien professionnel de toute façon et ne s'en est jamais caché. Je maintiens que vous vous en prenez à des raccourcis ou des tournures qui sont parfois volontaires (comme quand un film historique tombe dans l'erreur à des fins de fluidité narrative). La "Vérité" qu'il prétendrait porter (je ne sais pas d'où vous la sortez) ne constitue de toute façon pas le cœur de ses livres. Les tournures qui font par exemple du peuple franc une nation à la destinée manifeste sont délibérées pour transmettre une connaissance facile à assimiler et propre à procurer de l'émotion à ses lecteurs. La date du baptême de Clovis est vraiment emblématique du propos : Deutsch choisit une date, point. Elle fait partie des possibilités historiques, il ne l'a pas inventée. Il n'a pas non plus vocation à expliquer aux gens que c'est pas sûr, et qu'on ne sait pas, et que peut-être, et qu'en fait... Et de toute façon une personne sur deux, au mieux, va la retenir.

      Vous perdez votre temps à entendre restituer tous les détails manquants ou imprécis de ce livre. Vous vous adressez à des gens qui ne lisent pas Lorant Deutsch et qui éprouvent une petite satisfaction malsaine à insister sur ce qui cloche (on sent les correcteurs sadiques en puissance, dans les cerveaux desquels règne l'esprit de contradiction). D'autant que lesdits travaux auxquels vous faites allusion sont, à mon sens, tout aussi contestables. Si vous ne tranchez pas, alors ne dites rien : la question reste ouverte, Lorant Deutsch a le droit de proposer sa vision romancée. Les fautes sont résiduelles, propres à un historien du dimanche qui n'y a pas consacré sa vie. Il n'y a pas non plus de personnages imaginaires ou de négationnisme avéré que je sache ? Il aurait certainement pu faire mieux, c'est certain, mais de là à ce que tous les blogueurs lui consacrent une page, comme des charognards en quête de fautes d'orthographe...

      Pour finir, je m'énerve un peu parce que j'en ai connus des professeurs qui hochaient systématiquement la tête en disant "... oui... mais..." pour finalement reformuler la même idée avec leurs propres termes ou des thèses d'histoire qui entendaient démonter toute l'historiographie existante pour finalement ne rien démontrer. C'est parfois, je pense, du snobisme assez vil. Le même qui fait que des milliers de petits rigolos s'amusent aujourd'hui à raconter que les Gaulois ne sont pas nos ancêtres pour se faire passer pour plus intelligents qu'ils ne le sont (ou la nuance historique vulgarisée à son tour, comme quoi...)

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    4. Si je résume vos deux commentaires : "les gens sont des cons, faut pas les emmerder avec la rigueur scientifique".

      Sauf que se tromper (plus ou moins volontairement) dans les dates n'a absolument rien d'innocent, et pas que sur le plan scientifique. Reprenons votre exemple à propos du baptême de Clovis ; les historien-ne-s sont justement très prudent-e-s quand à sa localisation chronologique précise parce que la principale source de l'époque, Grégoire de Tours, évêque (ne l'oublions pas), poursuivait un but notamment idéologique (plus précisément théologique) dans sa description du règne de Clovis : en situant le baptême à l'exacte césure de son règne (496), il confère au personnage une dimension téléologique et dresse le portrait d'un roi qui ne fait qu'accomplir le dessein que Dieu lui a réservé. Voilà pourquoi il est nécessaire de conserver une distance critique vis à vis des sources, il faut être prudent et ça, Deutsch ne l'est absolument pas.

      L'autre gros problème, par ailleurs, c'est le sous-texte idéologique qu'il promeut au fil de ses œuvres et interventions : "racines chrétiennes" de la France, "choc des civilisations", "génocide" vendéen, monarchisme et, plus largement, la réaction. Il fréquente par ailleurs assez logiquement le gratin des historiens d'extrême-droite.

      Scoop : il est possible de vulgariser l'Histoire de façon rigoureuse et (la plus) objective (possible), comme le fait par exemple Jean-Paul Demoule dans son livre "On a retrouvé l'histoire de France".

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    5. "Cons" c'est vous qui le dites. Simplement y'en a pas mal qui se moquent de savoir si c'est 496 ou 498 oui. Honnêtement, à deux ans, quatre ans près, ça ne change pas grand chose aux événements qui ont suivi il me semble. Sans doute même que les hommes de l'époque n'en avaient pas grand chose à faire non plus.

      L'idée sous-jacente du livre vous dérange, soit. Alors faites une critique là-dessus et tirez-en des éléments concrets issus du livre et apportez-leur une contradiction. Ça sera déjà plus intéressant que de collectionner des petites coques ou de hurler à l'extrême-droite.

      Deutsch assume le parti qu'il prend, ça retire déjà pas mal de vice à son travail. L'objectivité ça n'existe pas (à part dans une frise chronologique, et encore). Il n'y a que des faits qui sont traités selon une vision du monde à laquelle vous adhérez ou non. Et un roman historique ne peut pas être neutre de toute façon.

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    6. Si ça ne change pas grand chose, autant éviter de donner une date incorrecte et préférer une prudente estimation, non ?

      Sinon, vous comprenez vraiment le sens du terme "roman" historique ou national ? Parce que le concept est en lui-même contestable. L'Histoire n'est pas une fiction qu'on peut réécrire à l'envie.

      "Les tournures qui font par exemple du peuple franc une nation à la destinée manifeste sont délibérées pour transmettre une connaissance facile à assimiler et propre à procurer de l'émotion à ses lecteurs."

      Cela dit, si vous ne voyez rien de contestable dans vos propos ci-dessus, je ne peux rien pour vous. Vous savez au moins que l'Histoire (ou plutôt ses versions romancées) constitue la première base sur laquelle se construisent les idéologies, à commencer par le fascisme (par exemple) ? Les Francs pour la France (Vichy et son emblématique francisque), les Romains pour l'Italie, les mythiques "Aryens" pour l'Allemagne. On est en plein là-dedans quand Deutsch fait de Charles Martel le sauveur de la civilisation chrétienne face à la prétendue sauvagerie musulmane.

      "Lorant Deutsch a le droit de proposer sa vision romancée."

      Non, pas s'il prétend faire de l'Histoire. La "vulgarisation" ne peut pas tout excuser.

      "Il n'y a pas non plus de personnages imaginaires ou de négationnisme avéré que je sache ?"

      Deutsch cite le personnage de Mérovée, fondateur légendaire de la dynastie mérovingienne comme le "grand-père" de Clovis, alors que la seule information dont on dispose sur ce personnage, c'est précisément son nom. Rien ne dit qu'il ait véritablement existé, encore moins qu'il soit véritablement à l'origine de cette dynastie.

      Par ailleurs, la thèse qu'il défend d'un prétendu "génocide" vendéen (façon de réhabiliter les forces conservatrices monarchistes et de diaboliser la Révolution) le place clairement du côté d'un véritable révisionnisme historique, dont les négationnistes sont les premiers à faire leur beurre.

      "Il aurait certainement pu faire mieux, c'est certain, mais de là à ce que tous les blogueurs lui consacrent une page, comme des charognards en quête de fautes d'orthographe..."

      Vous pensez vraiment que ça rapporte de l'audience de taper sur Lorànt Deutsch ? Votre laborieuse logorrhée est justement là pour prouver l'inverse. Jusqu'à preuve du contraire, c'est bien lui qui enchaine livres, émissions télévisées, interviews ou documentaires, pas ses détracteurs.

      Enfin, l'objectivité est effectivement une notion pour le moins prétentieuse, mais c'est un but que tout bon scientifique doit aspirer à atteindre. Ce qui n'est pas le cas de Deutsch, qui confesse lui-même sans problème adhérer aux thèses de "vrais" historiens lorsque (et uniquement lorsque) celles-ci viennent corroborer sa "vision du monde" comme vous le dites si élégamment. Et c'est encore, merci à vous de nous le rappeler, notre droit de dénoncer ainsi une entreprise de falsification historique, d'imposture intellectuelle et surtout de réhabilitation de l'historiographie la plus conservatrice et réactionnaire.

      Un-e historien-ne n'a précisément pas à "traiter" des faits, comme vous dites, simplement à les retranscrire le plus fidèlement possible. Il est fondamentalement malhonnête, stérile et surtout dangereux d'y plaquer à posteriori notre propre grille de lecture.

      J'estime avoir fait le tour de la question et ne compte de toute façon pas encombrer plus en avant les commentaires d'un blog qui ne m'appartient pas et ne vous répondrai donc pas davantage.

      J'espère juste que vous finirez par comprendre que "tirer des éléments concrets issus du livre et leur apporter une contradiction", c'est précisément ce que fait ici l'auteure.

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  4. Cette mise au point sur l'escroquerie que représente le livre de LD est importante, même si plusieurs historiens se sont fait les dents sur son dos.
    Je me souviens d'un entretien entendu à la radio il y a quelques semaines dans laquelle LD répondait à la question à savoir s'il se sentait plus comédien ou historien et il a répondu qu'il ne pouvait pas choisir.
    De là à dire que c'est un faux historien ET un faux comédien, le raccourci est rapide à faire et sûrement judicieux.

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    1. Laurent D est absolument un escroc intellectuel visant à difuser son idéologie malsaine et non un amateur d'histoire. Il est à l'histoire ce que Onfray est à la philosophie , un révisionniste aux buts franchement réactionnaires qui prend les amateurs en histoire pour des idiots incultes .

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  5. Bonjour Aspasie,

    J'ai découvert votre blog il y a quelques temps déjà. J'ai lu certains articles qui sont de bonne tenue. Et je tombe sur celui-ci, écrit vraisemblablement sous le coup de la colère. Et c'est fort dommage, car autant Lorant Deutsch n'est guère ma tasse de thé, autant là je trouve que vous vous fourvoyez en écrivant également quelques inepties.

    Vous annoncez d'emblée avoir fait une lecture à charge de l'ouvrage de Deutsch. Pour une personne soucieuse de défendre la discipline historique, le moins qu'on puisse dire est que vous ratez là une belle occasion de démontrer cet intérêt.

    Vous faites preuve d'une certaine condescendance - par exemple dans ce passage :"Mais après un rapide tour dans un manuel premier cycle, en l'occurrence La France avant la France, 481-888 de Geneviève Bührer-Thierry et Charles Mériaux (p. 182)(...)"- et lancez des affirmations peu étayées.

    Par exemple, vous laissez entendre que les historiens pensent que le baptême de Clovis aurait peut-être eu lieu après 500. Oui, la date de 506 est avancée par Laurent Theis par exemple. Mais Michel Rouche dans son Clovis opte pour Noël 499.

    Autre exemple beaucoup plus inquiétant et qui dénote un manque de connaissance sur l'historiographie du sujet alors même que vous accusez Deutsch de ce mal. Vous écrivez :" Autre réalité anachronique : Deutsch parle des "Etats" francs. Il existe des querelles autour de la notion d'Etat, qu'on hésite le plus souvent à apposer à l'empire carolingien. La question, en revanche, ne se pose même pas pour les royaumes mérovingiens : on ne peut guère les qualifier d'Etats."

    Là par contre, on est clairement dans l'erreur. D'une, c'est bien expliqué dans "le manuel de premier cycle" (voir p.72) et de deux, vous devriez lire Bruno Dumézil et son "Servir l'état barbare dans la Gaule franque IV°-IX° siècle"."

    On peut parler d'Etat faible mais en aucun cas d'absence d'Etat.

    Les historiens sont bien meilleurs lorsqu'ils dépassionnent les débats. Là pour le coup, vous n'élevez pas le débat mais participez à sa faiblesse. Je gage que cela ne soit qu'un simple égarement au vu de la qualité générale de vos écrits.

    Cordialement,

    Samuel.

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